L'antenne nationale du RBM au Niger, ROPEN Maroobé, a tenu à Niamey un atelier de réflexion sur les acquis de la loi pastorale .
Un atelier visant à consolider les acquis et faire le suivi des recommandations des États généraux sur le foncier pastoral.
Le pastoralisme s’est illustré par son extrême vulnérabilité non seulement
à cause des contraintes climatiques, de plus en plus sévères, mais aussi en lien avec les enjeux des différents acteurs concernés, comme la multiplication des conflits fonciers entre les autochtones et transhumants, entre les pasteurs mobiles et les anciens éleveurs sédentarisés, entre communautés d’éleveurs et l’Etat, tous ces conflits sont liés à l’injustice de l’autorité à l’égard de ses acteurs.
Après les conflits vient le problème climatique et sécuritaire, les changements climatiques bouleversent également les écosystèmes des espaces pastoraux, contexte aggravé par le comportement irrationnel des différents acteurs ruraux. Par ailleurs l’insécurité grandissante dans plusieurs pays de la région ouest africaine provoque une concentration des troupeaux, confinés dans des espaces pastoraux des plus en plus réduits, de moins en moins fonctionnels.
La loi pastorale a pour particularité que la spécificité de l’Ordonnance réside dans plusieurs aspects à savoir :
Dans le souci de favoriser l'application effective de la législation pastorale, le Ministre de l'Elevage a adopté l'arrêté n° 38/MEL/GG du 20 novembre 2010 portant création du comité chargé de la popularisation de l'ordonnance relative au pastoralisme et de l'élaboration de ses textes d'application. Les mandataires des organisations de la société civile siègent dans cette structure ad ‘hoc. C’est ainsi que le comité s’est réuni en 2012 pour élaborer et examiner sept projets d’application de l’ordonnance sur une dizaine initialement prévue, à savoir :
On peut neanmoins dégager des acquis au termes des résultat provisoires du rapport sur la loi pastorale au Niger. Malgré de nombreux obstacles, la loi pastorale comporte des acquis indéniables tant sur le plan juridique que sur le plan opérationnel, même si par ailleurs les efforts consentis restent en deça de la mesure des enjeux. De l’avis de plusieurs personnes la loi pastorale est en elle même un important acquis puisqu’elle a permis de combler un vide juridique, malgré les difficultés actuelles dans son application effective, du fait que les dispositions ne sont pas immédiatement applicables, mais renvoient à des situations jugées incertaines parce que assujetties à l’adoption d’autres lois. La loi pastorale a permis d’avoir un aperçu sur les ressources disponibles.
L’un des impacts importants et non des moindres c’est la moralisation des éleveurs et les leçons qu’elles tirent de la manière dont les choses se passent. Elles ont pris conscience que leur mode de vie basé sur la mobilité permanente ne leur donne pas la possibilité de se constituer une force au moment des élections. Ils s’organisent de plus en plus pour peser sur les décisions en occupant parfois des postes stratégiques au niveau des institutions de l’Etat.
Au plan juridique il faut noter la promulgation des décrets suivants en application de la loin pastorale aprés enrichissement et validation des avant-projets au cours d’ateliers divers. Il s’agit de :
D’autres acquis sont à souligner en l’occurrence le fait que
Au plan opérationnel : un des acquis important concerne l’élaboration d’un guide publié en 2012 sur financement des partenaires techniques et financiers (CTB, GIZ, zfd), intitulé « un guide de conseils pratiques aux éleveurs mobiles et à ceux qui défendent leurs intérêts ». En effet, malgré l’adoption de la loi pastorale et de nombreux efforts, force est de constater que les lois sont peu appliquées aujourd’hui. Une des principales raisons tient à la méconnaissance des lois, par les acteurs ruraux, mais aussi par ceux qui sont censés l’appliquer ou la faire appliquer.
Ainsi face aux problématiques en lien avec l’élevage mobile, une multitude de solutions très diverses est adoptée par les acteurs, avec plus ou moins de réussite, conduisant malheureusement dans certains cas à des conflits. Une des solutions adoptées depuis quelques années par les associations d’éleveurs face à ces constats est de fournir aux éleveurs l’information officielle appropriée afin qu’ils puissent l’utiliser pour faire face aux problématiques qu’ils rencontrent. De nombreux cas ont montré l’efficacité de cette approche. Il s’agit donc désormais d’intégrer dans les pratiques rurales la connaissance des textes de loi, ce qui peut pour les éleveurs mobiles contribuer à i) garantir la mobilité et mener de manière paisible la gestion des troupeaux ; ii) gérer l’accès aux ressources partagées ; iii) connaître leur droits et devoirs ; iv) défendre leurs droits sans violence et ; v) éviter les abus de toutes sortes. L’objectif du guide est d’aider les éleveurs mobiles à mieux comprendre le cadre législatif et réglementaire dans le domaine du pastoralisme pour connaître leurs devoirs et mieux faire valoir leurs droits. Il fallait satisfaire essentiellement les besoins de l’éleveur mobile et des conseils sont donc directement adressés à ce dernier. Le guide donne des conseils pratiques sur la conduite à tenir par l’éleveur face à une situation particulière pour que tous les différents soient réglés de façon pacifique par le dialogue, se basant sur les lois et règlements de la République. Ce guide a été enrichi au cours plusieurs réunions et d’ateliers, ce qui lui a permis d’être progressivement adapté et amélioré. Dans ce guide les problématiques pastorales ont été classées en quatre principales catégories sous forme de fiches: i) l’accès aux ressources fourragères ; ii) l’accès aux ressources en eau ; iii) les contraintes liées à la mobilité pastorale et v) la particularité de la mobilité de l’élevage transfrontalier. Le guide présente des textes de loi en vigueur et apporte des conseils et solutions pratiques à l’éleveur.
Un acquis important relève de l’hydraulique pastorale. En effet, en 2014, le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement a adopté le décret 445-077 dans lequel il a défini sa nouvelle stratégie pastorale avec pour objectif principal l’amélioration quantitative et qualitative de l’accès à l’eau pour le cheptel. Il s’est ainsi engagé dans une large consultation nationale pour élaborer une politique nationale rénovée d’hydraulique pastorale.
Sept axes majeures constituent la toile de fonds de cette stratégie déclinés sous forme d’objectifs spécifiques :
Le Programme PRAPS a financé des missions de vulgarisation des textes par les comités régionaux de gestion de la transhumance mis en place à cet effet, conformément aux exigéances des accords de la CEDAO. Le dispositif mis en place a permis de réduire les conflits fonciers en zone pastorale.
La loi pastorale a aussi favorisé l’adoption de nouveaux textes dans plusieurs secteurs (l’eau, les forêts, l’environnement, la chasse, la pêche, l’élevage, l’aménagement du territoire, la justice), avec plus ou moins de référence aux principes et règles qu’elle pose.
En outre la mal-gouvernance débouche sur une monétarisation croissante des ressources fourragères et hydriques.
Par contre certaines propositions ont été formulées. Dans ce climat, il nous semble intéressant de travailler à la valorisation, au maintien, ou encore au renforcement de l’élevage dans sa forme mobile. De travailler aux côtés des associations, et les renforcer dans leur rôle de veille citoyenne, notamment pour la diffusion et la connaissance des textes de loi de droits et devoirs de chacun.
En définitive, il est possible d’amener les acteurs locaux à faire émerger des accords sociaux négociés et des innovations institutionnelles stables à condition qu’elles soient mieux écoutées, mieux soutenues, mieux responsabilisés au-delà de leur rôle habituel de plaidoyer
Les organisations pastorales, leaders pastoraux, autorités administratives, les collectivités locales et les autorités coutumières aussi que les projets d’appui au secteur de l’élevage peuvent élaborer des compromis.
Pour cela, il conviendrait d’insister sur la nécessaire reconnaissance des institutions et organisations pastorales
Par ailleurs, la politique publique pastorale doit être flexible et permettre une adaptation au contexte évolutif du milieu et des systèmes pastoraux, il faut harmoniser les multiples lois sectorielles et les adapter à l’évolution des réformes administratives et politiques agricoles
Cependant, l’Etat doit interagir avec les acteurs locaux afin de réguler les pratiques opportunistes et de légitimer les initiatives locales consensuelles et négociées à l’échelle locale.
Cette activité bénéficie du soutien technique et financier de la FAO.
Les travaux se sont déroulés du 19 au 20 Septembre 2019.
Veuillez retrouver dans le lien ci dessous lextrait vidéo des travaux menés
Lien Youtube: https://youtu.be/F0xdm_87o4I
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Rapport provisoire sur les acquis de la loi pastorale
diapoMaroobe
Le Réseau Billital Maroobè est un cadre régional de référence des éleveurs et pasteurs qui œuvre pour la défense des intérêts de ses membres au plan économique, politique, social et culturel
Le Réseau Billital Maroobè est convaincu que le pastoralisme, fondé sur la mobilité spatiale et saisonnière, représente une forme essentielle de production par son apport économique, social, culturel et écologique aux zones arides et semi-arides où d’autres formes de production sont très aléatoires, voire impossible.